L’ Archéologie

L’archéologie est une discipline scientifique dont l’objectif est d’étudier l’être humain à travers l’ensemble des vestiges matériels (artéfacts et faits archéologiques (en)) ayant subsisté au cours des siècles. Provenant de fouilles ou non, ces vestiges sont de nature variée : outilsossementspoteriesarmespièces de monnaiebijouxvêtements, empreintes, traces, peinturesbâtiments, infrastructures, etc. L’ensemble des artéfacts et des écofacts relevant d’une période, d’une civilisation, d’une région, ou d’un peuplement donné, s’appelle culture archéologique. Cette culture matérielle est avant tout un concept basé sur l’assemblage de vestiges retrouvés dans des espaces et dans des chronologies contingentes, sur un même site, ou dans une même région, par exemple. On peut alors parler, pour désigner un ensemble cohérent, de culture archéologique (comme la culture de Hallstatt, ou la culture Jōmon, par exemple).

L’archéologue, dans une approche diachronique, acquiert donc l’essentiel de sa documentation à travers des travaux de terrainN 1, par « opposition » à l’historien, dont les principales sources sont des textes. Mais l’archéologue utilise aussi des documents écrits lorsque ceux-ci sont matériellement disponiblesN 2 tout comme il peut faire appel aux sciences de la vie et de la terreN 3 ou aux autres sciences humaines, regroupées méthodologiquement dans ce qu’on appelle les « archéosciences » (comme l’archéométrie, l’archéologie environnementale, etc.). L’existence ou non de sources textuelles anciennes a permis d’établir une division chronologique des spécialités archéologiques en trois grandes périodes : l’archéologie de la Préhistoire (absence de sources textuelles), l’archéologie de la Protohistoire (peuples n’ayant pas de sources textuelles mais étant cités dans celles de peuples contemporains) et l’archéologie des Périodes historiques (existence de sources textuelles). Il existe aussi des spécialisations archéologiques faites suivant le type d’artefacts étudiés (céramiques, bâti, etc.), ou à partir de la matière première des artefacts étudiés (pierre, terre crue, verre, os, cuir, etc.).

Antiquité

Dans l’« Ancien Monde », l’archéologie a eu tendance à se concentrer sur l’étude des restes physiques, les méthodes employées pour les mettre au jour et les fondements théoriques et philosophiques sous-tendant ces objectifs.

La première attestation d’un récit ou d’une interprétation à proprement parler archéologiques remonte à la période grecque classique, et nous est racontée par Thucydide. En effet, lors de travaux à Délos, il mentionne la découverte de tombes anciennes. L’auteur décrivant la scène indique que les défunts étaient probablement des pirates cariens (provenant de Carie du fait des vêtements qu’il était possible de reconnaître dans leur tombe).

« Les habitants des îles, Cariens et Phéniciens, s’adonnaient tout autant à la piraterie ; car c’étaient eux qui avaient occupé la plupart des îles. En voici une preuve : dans la présente guerre, quand les Athéniens purifièrent Délos et qu’on enleva toutes les tombes de l’île, on constata que plus de la moitié appartenait à des Cariens, ainsi que l’attestèrent les armes enfouies avec les morts et le mode de sépulture, encore en usage chez les Kariens d’aujourd’hui. »

— Thucydide, Histoire de la Guerre du Péloponnèse, I, VIII.

Il s’agit de la première réflexion associant directement un contexte funéraire archéologique à une identité culturelle ou ethnique.

Archéologie moderne

La découverte du site de Pompéi marque un tournant dans l’archéologie. À l’époque moderne, la ville est une première fois découverte entre 1592 et 1600 lors de la construction du canal du Sarno. Toutefois, les fouilles commencent en 1748 sous le règne de Charles de Bourbon. Et en 1763, une inscription est découverte ce qui permet l’identification avec certitude de Pompéi. La topographie de la ville est établie progressivement. Cette découverte contribue « à promouvoir une certaine image romantique de l’archéologie, propre à stimuler l’imaginaire et à donner aux objets découverts une nouvelle réalité4 ».

Entre 1860 et 1875, un changement important s’opère avec Giuseppe Fiorelli qui est des premiers interprètes de la science archéologique5. Il met au point de nouvelles méthodes de fouilles ainsi que de présentation du site. Avec lui, les fouilles se font par décapages horizontaux successifs. Cette nouvelle méthode permet à Giuseppe Fiorelli de développer les moulages au plâtre. Par ailleurs, il divise le site en neuf régions, chacune subdivisée en îlots, et numérote les propriétés6.

En Espagne, sous la Seconde République, le travail scientifique est encouragé et donne lieu à des découvertes remarquables telle que la Vénus de Badalone, trouvée en 1934, icône antique du ier siècle aujourd’hui conservée au Musée de Badalone7.